Association pour les REcherches Sous MArines en Roussillon

Archéologie et image au menu d'Aurélie Albaret

18 octobre 2020

Aurélie Albaret, membre de l'Aresmar, vient de débuter la préparation d'une thèse de doctorat associant archéologie et image. Allocataire de recherche de l'université de Perpignan, elle présente son projet.

Aurélie Albaret sur le site d'Anse des Reguers 2, à Collioure
Aurélie Albaret sur le site d'Anse des Reguers 2, à Collioure

Vous venez d'obtenir une allocation pour réaliser une thèse de doctorat à l’université de Perpignan. Pouvez-vous nous présenter votre sujet ?

Vidéaste indépendante de profession, je participe régulièrement aux opérations archéologiques organisés par l'Aresmar sous la responsabilité de Franck Brechon, d’Oscar Encuentra Bardina et d'Emmanuel Nantet.
En 2017, j'ai commencé une conversion à la recherche avec une reprise d'études et la rédaction d'un Master 2 en « Histoire, Civilisations, Patrimoine » à l'Université de Perpignan. Je souhaitais suivre l'option Archéologie et Préservation du Patrimoine SubAquatique, mais hélas, cette année-là a connu un manque d'inscription qui n'a pas permis son ouverture.
Soutenu en 2019, mon mémoire traitait de la culture du film archéologique subaquatique depuis les années 1940 jusqu'à nos jours. Il s'agissait de repérer les potentiels à la fois scientifique et médiatique des films produits par les archéologues sous l'eau. Complémentaire aux discours véhiculés par les outils plus conventionnels comme le dessin, la photographie ou la photogrammétrie, le film s'est avéré problématique en contexte de vulgarisation. Les professionnels de la télévision rejettent les images fabriquées par les archéologues car elles sont trop floues, trop vertes ou nauséeuses. Ils préfèrent utiliser des images a priori plus belles et surtout plus spectaculaires, associées à une dramaturgie faite de chasse aux trésors, de mystère et d'aventure assez éloignée de ce qui vivent les archéologues sur le terrain. Ce constat m'a donné envie d'étudier cette bascule dans une archéologie du sensationnel.

 

Quelle problématique vous guide au début de votre travail de recherche ?

Empruntant des théories communes à l'histoire de l'art, à la sociologie et aux sciences de l'information et de la communication, mon projet de thèse prête attention aux discours véhiculés autour de l'objet archéologique sous-marin et les manières dont il est mis en espace dans une exposition ou dans des dispositifs de médiation plus contemporains, comme le transmedia storytelling par exemple (= raconter un histoire cohérente éclatée sur plusieurs supports : TV, cinéma, comics, jeux, Internet...). La question est de comprendre comment les pratiques contemporaines de vulgarisation mettent en intrigue l'archéologie sous-marine : comment se construisent-elles ? Autour d'une réalité scientifique ou autour d'un discours préétabli ? J'ambitionne, sur les trois années à venir, d'étudier les mises en scènes et les mises en récits de l'archéologie sous-marine sur le territoire transfrontalier Occitanie - Catalogne - Baléares, dans le but de mieux penser les outils actuels de médiation.

 

Par qui cette thèse sera-t-elle dirigée ?

J'ai la chance d'être dirigée par M. Esteban Castañer Muñoz, Professeur en Histoire et Histoire de l'art des mondes moderne et contemporain et Mme Soulier Virginie,Maître de conférence en Sciences de l'Information et de la Communication, tous deux à l'Université de Perpignan Via Domitia. La complémentarité de leurs approches est un véritable atout pour me guider dans ce travail.

 

Vous avez aussi un projet de film sur les pionniers de l'archéologie sous-marine. Pouvez-vous nous en dire plus ? Avec qui le réalisez-vous ?

Effectivement, j'ai un projet de court-métrage documentaire intitulé provisoirement « Les pères de l'archéologie sous-marine, de Leucate à Cerbère », qui viendra nourrir mon doctorat et vice versa. C'est en réalité une co-réalisation avec Franck Brechon et Georges Castellvi, respectivement Président et Vice-Président de l'Aresmar. Dès les années 1960, des plongeurs, amateurs et chercheurs participent activement au développement de cette discipline scientifique récente. Certains de ces passionnés ont disparu. D'autres vivent encore. Il s'agit de leur rendre hommage à travers une série de témoignages audiovisuels et des images d'archives qui s'entrecroisent pour revisiter une histoire locale.
Ce projet est porté par la société de production Passé Simple basée à Narbonne, l'Aresmar et l'association a Cygni basée à Leucate. Nous sommes très contents d'avoir obtenu dernièrement un soutien financier du Parc Naturel Marin du Golfe du Lion pour le réaliser et nous espérons l'étoffer dans un futur long métrage.